Quand j'étais petite et que j'habitais au fond de mon trou perdu (oui, c'est le deuxième épisode !), je croyais que le marché Saint-Pierre, c'était un vrai marché : une succession de stands en plein air fabriqués vite-fait avec des planches sur des tréteaux, recouvertes de bâches prêtes à s'envoler au premier coup de vent. Et surtout, des rouleaux de tissus de toutes les couleurs posés tant bien que mal en équilibre sur les tables. Cette vision joyeuse, colorée et bordélique me faisait rêver : quand ma grand tante, ancienne modiste, et ma grand mère adorée, couturière avisée, parlaient du lieu magique, je voyais des torrents de paillettes briller dans leurs yeux.
Alors forcement, quand je suis arrivée à Paris, j'ai voulu visiter la caverne d'Ali Baba. Et je me suis rendue compte que le marché Saint-Pierre, c'était une suite de magasins plutôt moches et sans âme, où le nylon fluo et le velours d'ameublement sinistre régnaient en maître.
Heureusement, il y a Reine. Les tissus Reine, c'est des montagnes d'étoffes chatoyantes empilées dans un immense décor 50's ultra-clinquant. Avec LE détail qui tue : des mannequins en plastique d'environ 60 cm, posés sur les rouleaux, coiffés d'improbables perruques et vêtus de costumes indatables, même au carbone 14. Kitchissime.
Au rez-de-chaussée de chez Reine, on trouve des tas de tissus différents : des satins, des soies, des cotons, des jerseys, des polyesters, des madras, des vichys, des bayadères, des imprimés mamies, des imprimés bébés et surtout, des Liberty : classés par couleurs, ils semblent tellement beaux et soyeux qu'on a immédiatement envie de les caresser, de les arracher de leurs tubes de carton et de s'en draper le corps. Malheureusement, les vendeuses, dont la plupart sont sans doute nées la même année que le magasin (1930), gardent un œil féroce rivé sur les excitées dans mon genre.
Le premier étage, réservé à la mercerie et aux patrons, est nettement moins folklo. Mais il est desservi par un ascenseur incroyable : équipé de deux banquettes très confortables, il est entièrement plaqué de bois et couvert de papier peint à ramages. C'est bien simple, on se croirait dans le carrosse de Marie-Antoinette ! Quand je suis montée dedans, je n'en croyais pas mes yeux ; mais j'imagine que quand on travaille chez "Reine", on trouve ça normal de prendre le carrosse pour grimper un étage...
jeudi 3 avril 2008
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13 commentaires:
Et le site internet de Reine... IL date des années 70 tu crois ;))
ces magasins sont souvent des vrais bonheurs : cages d'escaliers, ascenseurs etc... Dommage que ça disparaisse aussi !
Aaaah Reine!!! Ayant une maman douée pour la couture, j'y ai trainé mes guettres, des étoiles plein les yeux quand j'étais petite fille, fascinée par ses Barbies géantes.
@ marigaz : le jour où ils détruisent ce magasin, je m'enchaine aux mannequins en signe de protestation !
@ soléa : quelle chance ! je crois que j'aurais adoré ce magasin si je l'avais connu petite : il aurait fallut des trésors de patience pour m'en faire sortir !
Ah, le marché St Pierre ! Moi aussi je croyais que c'était un marché la première fois que je suis venue à Paris! Bien déçue! Ici, je vais au Fashion District où les magasins de tissus et accessoires se touchent, mais il n'y a aucune belle vitrine!
tu ne vas pas me croire.. mais ça fait des années que je vais chez Reine.. et je n'ai jamais pris l'ascenseur!!!
Du coup, je ne sais pas à quoi il ressemble.. la prochaine fois, c'est sûr, je vais le voir!!
Ils ont fort bien choisi le nom de leur enseigne ...^^
@ anne : le fashion district ? il faudra que je vois ça de près !
@ franfreluches&co : j'avoue qu'entre l'ascenceur et l'escalier, j'ai hésité moi aussi ; parce qu'il est quand même top-classe, leur escalier !
@ sheharazade : et on ne peut pas dire qu'ils ne l'assument pas !
Ah mais c'est fou! Moi non plus je n'ai jamais pris l'ascenseur!
J'aime bien Reine pour le rayon liberty et ses mini-mannequins aux tenues si bien ajustées... mais j'avoue que j'achète plus souvent chez Dreyfus, il y a un coté bric à brac qui me plait plus et il y a pas mal de petits prix! (après, ça dépend ce qu'on cherche évidemment!)
Etant aussi habile de mes mains qu'un cochon de sa.....je ne m'aventure jamais dans ce genre d' endroit - je ne saurais quoi faire....j'ai bien fait une vague tentative point de croix un été avec ma grand-mere mais elle a du finir pour moi.
@ cococerise : chez Dreyfus, l'ambiance est plus cool et les prix plus doux, mais il m'a semblé que le choix était plus réduit. Mais j'y suis passé en coup de vent et ton commentaire me donne bien envie d'y retourner !
@ miss zen : ta franchise t'honore... et m'a bien amusée !
Bonjour Mshop.
C'est étonnant comme des lieux peuvent frapper notre mémoire collective.
Quand j'étais tout môme,le vieux frere célibataire de mon grand-pere avait une échoppe d'accordeur de piano,rue d'Orsel, une des petites rues qui montent de Anvers au jardin du Sacré Coeur.
Un atelier tout sale avec des pianos magnifiques au milieu.
Si on avait été sages on faisaient une montée au téléférique.
(l'ancien, tout vert)
Pour Reine.le plus axtaordinaire
demeure le liftier qui énonce les étage au fur et à mesure de la montéee.
Pendant 20ans, c'était un genre nain à la Toulouse Lautrec
avec la voix de l'ascenseur du film
le roi et l'oiseau
Bon dimanche.
Merci pour le bon plan! J'adore les tissus pour en faire tout et n'importe quoi ;)
@ henri : merci pour ce joli témoignage. Le liftier de chez Reine a disparu, quel dommage !
@ sophie : moi aussi j'adore les tissus : les matières, les reflets, les motifs, les couleurs... même si je ne sais pas quoi en faire !
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