jeudi 28 février 2008

La cité radieuse

J'avais pourtant bien préparé mon coup : Impatiente (c'est peu dire : je piaffais, je trépignais et le sang s'écoulait de mes ongles arrachés à force d'attendre) de découvrir la nouvelle cité de l'Architecture et du Patrimoine (place du Trocadéro, à Paris), j'avais prévu une visite en semaine histoire d'éviter la foule, des chaussures à talons plats histoire de pouvoir piétiner plus de 20 mn sans gémir, et j'avais réservé mon expert personnel aussi patient que pointu, capable de me rappeler pour la 10ème fois sans s'énerver à quoi ressemble une fenêtre à meneau ou ce qui différencie les bâtiments de Toyo Ito de ceux de Shigeru Ban. Avec mon organisation béton, j'étais certaine que rien ne viendrait gacher ma visite à la cité du bonheur ! Mais dès l'arrivée aux caisses, j'ai senti le plan foireux.

Nous avons attendu 15 minutes avant de prendre nos tickets... pile en face des deux portes d'entrée, soit parfaitement exposés aux courants d'air. Nous avons patienté 15 minutes en plein vent non pas parce qu'il y avait 20 personnes devant nous, mais 4 ! Je n'en revenais pas : les deux responsables de la billetterie se sont montrés encore plus lents que les caissières de mon Carrefour favori du Sud-Ouest ! (des dames par ailleurs fort charmantes, mais qui bossent à deux à l'heure et profitent de mes rares passages pour s'interroger, d'une caisse à l'autre, sur l'opportunité d'ajouter du sel dans la vinaigrette de la frisée aux lardons ou la meilleure façon de recolorer leurs racines en évitant les démarcations...)

Une fois notre ticket enfin en main, nous nous sommes dirigés vers la première salle. Et là, horreur : la barbare qui filtrait les visiteurs à l'entrée a sauvagement déchiré nos billets ! Des billets-souvenirs à 8 euros, avec une photo du palais de Chaillot... Sacrilège.

Je vous épargne la description des moulages, des maquettes, des photos et des vidéos exposés, d'une part parce que je n'ai pas l'intention de vous endormir (j'en aurais pour plusieurs jours) et d'autre part parce que certains l'ont fait bien mieux que moi dans les journaux et sur leurs blogs. Je n'écrirai pas un mot non plus sur la beauté du lieu, absolument magique.

J'en rajouterais quand même une couche sur la signalétique, quasi invisible, et le filtrage de la lumière naturelle qui, les jours de pluie, fait régner une ambiance d'arrière-salle de restaurant chinois sur les maquettes de l'étage consacré à l'architecture contemporaine : à partir de 17h, j'ai cru qu'ils avaient allumé les néons ! Brrrrrrrrr.

Malgré cette ambiance glaciale, nous sommes restés plus de trois heures sur place (et nous n'avons pas tout vu !) Jusqu'à ce les gardiens, vers 19 heures, nous prient doucement et gentiment de quitter les lieux. Oui, vous avez bien lu : doucement et gentiment ! Le premier avait l'air sincèrement désolé d'être obligé d'éteindre le moniteur sur lequel j'étais penchée, tandis que le second nous a indiqué l'escalier qui menait à la sortie avec le sourire ! A ce moment, fine mouche, j'ai compris que les responsables de la cité de l'Architecture avaient préféré économiser sur les responsables de caisse, le système d'éclairage et les panneaux indicateurs pour dégoter les seuls vigiles de tout Paris capables de s'adresser très aimablement aux visiteurs. C'est finement joué, je reviendrai !

lundi 25 février 2008

La barrière de corail

Alors que je me promenais innocemment au Printemps, les poches vides (comme souvent) mais la tête pleine d'envies (comme habitude), je me suis laissée surprendre par un raz de marée de corail. Cette couleur aussi étrange qu'exotique s'est déposée à tous les étages du magasin. Le corail m'a tapé dans l'œil (il n'est pas très discret, surtout juxtaposé au gris perle, l'autre couleur de l'été) chez Maje, Sandro, Iro, Zadig, Athé de Vanessa Bruno...

Ni rouge, ni jaune, ni rose, le corail est un mélange de ces toutes ces couleurs. Un mélange pas évident à porter quand il fait à peine quelques degrés dehors et que notre teint oscille entre le vert pâle et le blanc pas bien net
... Le corail est une sorte de non-couleur qui m'évoque le turquoise, un ton réservé lui aussi aux vahinés à la peau pain d'épices dont l'emploi du temps consiste à se prélasser au fond des lagons transparents en buvant du jus d'ananas frais dans d'immenses moitiés de noix de coco évidées par les dents blanches et saines de leurs valeureux chéris... En bref, le corail et le turquoise sont des couleurs que j'associe difficilement avec un jour de fin d'hiver ordinaire à Paris, sa grisaille et sa crasse. J'attendrai donc que le thermomètre nous offre une petite poussée à 30 degrés (ce qui, hélas, ne saurait se produire dans les soixante prochains jours...) pour faire plus ample connaissance avec le corail. Mais même sous une chaleur tropicale, je ne suis pas certaine de l'adopter.

Au corail, je préfère celui qui s'annonce comme son grand concurrent de l'été : l'orange. Certaines marques ont d'ailleurs préféré miser sur l'orange plutôt que sur le corail : Tara J
armon, Marc by Marc Jacobs... J'aime l'orange, j'en ai toujours porté (surtout en jupes et en robes d'été) : c'est féminin mais moins nunuche que le rose, c'est gai, c'est chic (surtout chez Hermès, parce que pour le Orange Kiabi, je suis moins sûre, il faudra que je vérifie) et surtout, ce n'est pas très répandu : J'aime le orange, parce qu'il est original. Enfin, jusqu'à samedi dernier, il l'était encore...

mercredi 20 février 2008

Mes six tics de toquée

Autant vous prévenir tout de suite : ce billet sent la mamie à plein nez. Pour améliorer votre confort de lecture, posez donc une couverture en mohair et un gros chat fatigué sur vos genoux (je vous aurais bien mis un petit Luis Mariano en fond sonore, mais mon PC moyenâgeux n'a pas de carte son !)


C'est parti pour mes 6 petites manies, comme me l'a demandé Grenadine.

- Déjà, je bois des litres et des litres de tisane. Je sais, c'est pas super chic. Les filles "bien" boivent du thé, les filles "rock" du café. Et quand elles se réchauffent dans un bistrot, elles commandent un chocolat. Moi je bois du thé ou du café pour me réveiller et après, j'enchaîne les tisanes. Le parfum ? Ben verveine ou tilleul. Et c'est tout ? Ben oui, quand je vous dit que je suis une vraie mamie !

- Je fais toujours la vaisselle avec des gants (top glamour, je sais). Pourtant j'aime l'eau, même chaude : à la plage, je joue des heures dans les vagues et chez moi, il faut hurler à la porte de la salle de bain pour me faire sortir de la douche. Mais le Palmolive sur la peau, j'aime pas.

- Je mets toujours une pincée de sel pour monter les œufs en neige. J'ai essayé sans : ça marche aussi. Très bien même. Mais c'est ma mamie qui m'a dit de toujours mettre une pincée de sel dans les oeufs avant de les battre et j'ai un respect sans borne pour ma mamie.

- Je m'achète des trucs "de dame" et je ne m'en sers jamais. Quand je suis pauvre, je collectionne les vernis à ongles (je crois que ce que j'aime bien, c'est leur côté pot de peinture en miniature). Et quand je suis riche, je me jette sur des escarpins avec des talons si hauts que même Donatella Versace ne pourrait pas les porter plus de 20 secondes sans se vautrer.

- Je range mes romans non pas par auteur, mais par collection. Parce que ça fait moins "bazar" sur mes étagères. Ça fait moins intello aussi, mais c'est plus joli.

- Comme je l'ai signalé lundi, je remets au lendemain ce que j'aurais dû faire la semaine précédente. A ce propos, ce tag est tellement périmé que je n'ose le transmettre à personne : entre le moment où Grenadine a pensé à moi et aujourd'hui, il a bien fait 600 fois le tour de la blogosphère ! Ce serait la honte de refiler un tag aussi moisi. Désolée, je ferais mieux la prochaine fois (sale manie quand tu nous tiens !)

lundi 18 février 2008

Nunuches, mais charmantes !

Je suis impardonnable. Je devais sagement faire la liste de mes petites manies, comme me l'a demandé Grenadine la semaine dernière, mais quand j'ai trouvé, chez un bouquiniste, des BD pour filles des années 70 (des Roses Blanches, des Tina et des Sylvie), je n'ai pas résisté : je me suis jetée sur mon PC pour faire un dessin à la manière de... de je ne sais pas qui d'ailleurs, car aucune de ces BD n'est signée !

J'en avais déjà lu quelques-unes quand j'étais petite. Je devais avoir 8 ans. Je les avais trouvées sous une pile de livres à moitié moisis, au fin fond de l'arrière-boutique de ma grand-mère (elle exerçait un métier formidable : marchande de journaux. Elle vendait aussi des livres, dont ceux des bibliothèques Rose et Verte, des crayons de papier, des carambars... c'était le paradis !)


A l'époque, je n'avais pas remarqué que la vie professionnelle des héroïnes se limitait à une carrière de secrétaire, d'infirmière ou de vendeuse de ventilateurs. Ni que leurs chéris avaient des métiers bien plus palpitants : photographe de groupes de rock, ethnologue, inventeur... Les happy-end systématiques de ces histoires à l'eau de rose ("Oh, Phil, c'est comme un rêve ! Où que tu ailles, je vais avec toi, car je ne peux construire mon bonheur qu'à tes côtés") ne m'avaient pas choquée non plus : je pensais sans doute que c'était comme ça dans la vraie vie (j'ai d'ailleurs mis un certain temps avant de me rendre compte que ça ne se passait pas tout à fait de cette façon, mmmmm). Et puis de toute façon, je ne comprenais pas grand chose à ces histoires bien trop compliquées pour mon âge. Même si, comparé à Roses Blanches, la collec. Harlequin c'est du Stendhal !


Côté dessins, je ne m'étais pas rendu compte à quel point les personnages étaient bâclés : les silhouettes sont souvent disproportionnées, les doigts, esquissés à la va-vite, ressemblent à des boudins ou à des baguettes et j'ai compté environ un visage superbe pour 20 de ratés !


Mais malgré ces défauts, j'étais et je reste fascinée par ces filles tellement femmes, par leurs grand yeux de biches étonnées ultra-maquillés, par leur lèvres épaisses sans vulgarité ni botox, par leur charme qui fait tomber les garçons comme des mouches, par leur gentillesse, leur douceur, leur romantisme. Aujourd'hui encore, je les trouve adorables. Nunuches mais délicieuses. Et si j'ai du mal à m'intéresser à leur aventures, je me délecte de leurs tenues à base de pat d'eph, de tuniques ultracourtes, de gros bijoux métalliques et de capelines.


Quand j'aurai observé tous les détails de toutes les planches de mes 9 BD avec attention, je ferai la liste de mes manies, promis Grenadine ! Sans omettre de mentionner ma sale habitude de remettre au lendemain ce que j'aurais dû faire la semaine précédente...

mercredi 13 février 2008

Rajeunir à plein régime

Adieu régime tout ananas, régime zéro glucide, régime protéiné, régime hyperprotéiné, régime diététique, régime dissocié, régime Mayo, régime Montignac et régime méditerranéen ! Un nouveau régime vient d'apparaître : la méthode "acide-base". D'après le Elle de la semaine dernière, ce n'est pas un régime pour maigrir (la plage est loin, on peut forcer sur la Nutella encore trois mois peinardes), mais un régime pour rajeunir. Et là, déjà, je rigole.

Mais il y a plus drôle. Vous voulez savoir ce qu'il faut faire pour ressembler à une ado de 14 ans quand on en compte 72 ? Selon Elle, c'est simple : il faut associer des aliments acides (pas ceux qu'on croit acides, comme le citron par exemple, qui est en fait un aliment de base, le fourbe !) mais comme le poulet ou le camembert, avec leurs compléments en base (qui ne sont pas forcément des aliments qu'on pense moins acides : par exemple, le pamplemousse est une base) ; en respectant la proportion 70% de bases pour 30% d'acides. Vous suivez toujours ? A ce stade de l'article, devant tant de complexité, j'ai bien failli laissé tomber. Mais j'ai bien fait de persévérer, parce que la suite valait, elle aussi, son pesant de cassoulet.


Après avoir dévoré le paragraphe sur les fondements hypercomplexes de la méthode acide-base, je suis passée aux chapitres des principes. Des principes révolutionnaires. Prêts pour les révélations du siècle ? Figurez-vous que quand vous mangez un steak, il faut l'accompagner de légumes verts !!! Dingue non ? Mais il y a plus surprenant : si vous mangez du fromage, il faut lui adjoindre de la salade ! Vous n'avez plus de mâche dans votre frigo ? Pas grave, vous pouvez remplacer la salade par des fruits après votre portion de Vache-qui-rit ! Dans Elle, ils poussent même le bouchon à ces conseils vraiment osés : "Salez le moins possible, huilez légèrement, ne beurrez pas trop" et le plus funky : "buvez de l'eau"! Alors là, j'avoue qu'avec le régime acide-base, je suis allée de surprise en surprise.

Le clou, je vous l'ai gardé pour la fin. Il parait que Kate Blanchett, Gwyneth Paltrow et Kirsten Dunst ont adopté cette méthode subversive. Ce qui signifie que ces trois actrices sublimes et a priori loin d'être idiotes ont payé un spécialiste de la nutrition pour leur signaler qu'avec le steak, les haricots verts c'était mieux que les chips ; et que si elles remplaçaient la picole par la Badoit, leur organisme leur dirait merci.

Heureusement, dans le Elle de la semaine dernière, il y a avait aussi plein d'articles intéressants. Bien plus intéressants que celui qui raconte ce que je sais depuis que j'ai 8 ans, mais aussi bien moins drôles.

vendredi 8 février 2008

Marinières en série

C'est ma quatrième.

Ma première, rayée bleu roi sur fond blanc, était taillée dans un tissu un peu épais. Elle appartenait à mon grand-père. On se la disputait régulièrement, ma soeur et moi. Comme par hasard on voulait toujours la porter le même jour ; et comme j'étais une peste, c'est souvent moi qui gagnait, eh eh eh !

Ma deuxième, rayée noir sur fond blanc, cousue dans un coton top qualité elle aussi, était super longue. Je l'aimais beaucoup car elle couvrait presque mes mains, alors que j'ai des bras de Pinocchio, tout fins et très longs.

Ma troisième, rayée blanc sur fond orange, était trois fois trop grande pour moi (à l'époque, je cherchais surtout à cacher mon corps). Dedans, je ressemblais à un sucre d'orge mal enveloppé.

Ma quatrième est toute récente. Quand Lorraine, ma conseillère personnelle en style anti-mamie, m'a montré sur les blogs des suédoises ( et aussi ) que la marinière était de retour, je me suis souvenue avec tristesse de tous mes vêtements disparus : ceux que j'ai jetés ou donnés faute de place (un dressing, je rêve d'un dressing !), et ceux que j'ai égarés pendant mes nombreux et rocambolesques déménagements.

Pour me consoler, je suis partie au temple suédois (celui du chiffon, pas celui du wok à harengs), à une heure où les rayons étaient quasiment déserts (moins de 20 filles à franges en slim au m2).
J'ai vite repéré la fameuse marinière, proposée en deux versions : blanche à rayures bleues et blanches à rayures roses bonbon. A 14,90 euros, je l'ai adoptée. J'ai pris du bleu pour ne pas avoir l'air trop niaise, et du M pour la porter un peu ample, comme les suédoises (et pour éviter d'avoir l'air ridicule parce que dans le S, les manches 3/4 m'arrivaient au dessus du coude !)

Depuis, je ne la quitte plus. Vu l'épaisseur du tissu et la solidité des coutures, elle va sans doute me lâcher dans peu de temps.
Pas grave, je suis certaine que ma marinière n°5 apparaîtra tôt ou tard dans mes placards.

dimanche 3 février 2008

Le grand succès du petit pot

C'est un pot en acier brossé, percé de trous circulaires. Il était vendu chez Ikea il y a quelques années. Je crois qu'aujourd'hui, il ne figure plus au catalogue de mon ami suédois.

J'ai acheté le mien il y a 7 ans, pour y mettre mes crayons et mes pinceaux. J'aimais bien son côté froid, industriel, et la simplicité de sa forme.

En février 2007, je suis allée chez ma petite soeur à Liverpool. Elle aussi possède un pot Ikea en acier brossé percé. Elle y range ses ustensiles de cuisine.

En mai 2007, je suis allée à Grenade dans le Sud de l'Espagne. Dans le petit studio que nous avions loué, il y avait un pot Ikea en acier brossé percé, destiné au rangement des couverts.

En juillet 2007, je suis allée à Faringsö, une île suédoise de la banlieue de Stockholm. Dans la maison en bois de Wilfried, il n'y avait qu'un objet métallique : un pot Ikea en acier brossé percé, dédié lui aussi au rangement des ustensiles de cuisine.

La semaine dernière, je suis allée chez le gentil Manu, à Nantes (la ville de Jacques Demy, le réalisateur de l'inoubliable Demoiselles de Rochefort et du très oubliable Modelshop). Dans la cuisine du très chic appartement de Manu (un duplex dessiné par Le Corbusier, un rêve, je veux le même !) trônait un pot Ikea en acier brossé percé. Manu y range ses couverts quand il vient de les laver.

Ce qu'il y a de bien avec la mondialisation, c'est que chacun peut accéder au design pas cher de mon ami suédois.

Ce qu'il y a de bien avec la mondialisation, c'est qu'on se sent partout "un peu comme à la maison".
Ce qu'il y a de moche avec la mondialisation, c'est qu'il devient de plus en plus rare de s'extasier devant des objets inconnus, des formes, des couleurs et des matériaux inattendus. Le dépaysement n'est pas très copain avec la mondialisation.